Par Evelyn Fidler, Kings Landing
Le Nouveau-Brunswick possède une riche histoire orale. C’était bien souvent notre seule façon de transmettre nos histoires. Ces histoires existent encore aujourd’hui et les historiens s’en servent pour approfondir leur recherche de notre passé.
Ces récits peuvent être une excellente ressource lors d’une recherche sur un sujet historique. Souvent, c’est le seul rapport d’un événement qui s’est produit dans le passé. On doit évaluer la fiabilité d’une source d’histoire orale comme on le ferait avec n’importe quelle autre preuve historique. Les récits d’histoire orale sont concrets et immédiats, mais nous ne pouvons pas simplement les prendre au mot. Même si quelqu’un dit que c’est la vérité, cela n’est pas toujours le cas, et même si quelqu’un était présent, cela ne veut pas dire que cette personne a réellement compris ce qui s’est passé.
Par exemple, en 1960, John F. Kennedy a été élu président avec seulement 49,7 pour cent du vote. Après son assassinat, plus de deux tiers des Américains se souvenaient d’avoir voté pour lui1. Voilà un exemple des faits contre la mémoire.
Alors que nous archivons l’histoire orale et que nous nous en servons dans la recherche historique, nous devons nous poser certaines questions clés.
Le narrateur est-il fiable? Est-ce qu’il a un intérêt personnel à présenter une certaine version de l’événement? Quel était son état physique ou mental au moment de l’entrevue et au moment de l’événement qu’il raconte? Combien de soin et d’attention le narrateur donne-t-il à l’entrevue? Est-ce que l’histoire est consistante, ou est-ce qu’il se contredit pendant l’entrevue?
Afin de vérifier la fiabilité du récit, vous pouvez le comparer à d’autres entrevues et documents historiques sur le même sujet.
Si le récit est contradictoire ou incompatible aux autres entrevues ou documents, n’oubliez pas de tenir compte des disparités. Est-ce que la personne interviewée avait une intention différente? Est-ce que les sources écrites sont biaisées ou limitées? Est-ce que les événements ont pu influencer les souvenirs?
L’histoire orale est plus valide si l’événement s’est déroulé pendant que le narrateur est vivant et s’il était présent, et qu’il ne raconte pas simplement ce qu’une autre personne présente lui a raconté2. Il faut se rappeler que l’histoire orale fournit une perspective et non des faits. Que se passe-t-il si l’histoire orale est la seule description existante d’un événement ou d’une personne? Nous pouvons nous en servir, mais il faut s’assurer d’ajouter un avis de non-responsabilité pour que le public ou le visiteur puisse tirer sa propre conclusion selon leur façon de concevoir la valeur de ce récit.
L’histoire orale est une source précieuse. Les histoires sont racontées par une personne ayant participé au récit. Certaines de ces histoires sont difficiles à raconter et difficiles à entendre. Elles peuvent ajouter un riche contenu à d’autres sources historiques comme des documents et des publications (qui par eux-mêmes ne sont pas entièrement fiables), ainsi que des preuves artéfactuelles. Les histoires orales, que ce soit par le récit ou la musique, sont partie intégrante du passé, du présent et du futur du Nouveau-Brunswick.
Evelyn Fidler est le gestionnaire des collections à l’établissement historique de Kings Landing. Elle est impliquée dans la communauté muséale depuis 35 ans. Elle a complété ses études de premier cycle à l’Université Acadia avant de terminer ses études supérieures à l’Université du Nouveau-Brunswick. Après avoir obtenu son diplôme d’études supérieures en histoire, avec un diplôme d’études supérieures en histoire matérielle, elle a été embauchée par Kings Landing à divers titres jusqu’à son poste actuel de gestionnaire des collections. Evelyn est membre du conseil d’administration de l’AHNB et du CANB (Conseil des Archives du Nouveau-Brunswick). Elle a suivi un cours en gestion des collections à l’Université de Victoria et est évaluatrice d’archives certifiée par le Conseil d’évaluation des Archives nationales.